STEVE TURCOTTE

LE NOUVELLISTE


CHRONIQUE — Les hockeyeurs qui souhaitent s’épanouir aux États-Unis traversent les lignes habituellement entre l’âge de 16 et 18 ans.

Sacha Boisvert n’a pas eu cette patience.

Depuis qu’il est petit, avec l’Académie Denis Francoeur, il a fait plusieurs voyages hockey de l’autre côté de la frontière. C’est ce qui le fait rêver.

Aussi quand Mount St.Charles lui a offert une bourse d’études complète pour déménager ses patins dans le Rhode Island, il a sauté sur l’occasion. Même s’il n’est âgé que de 14 ans.

«Je me sentais prêt», lance timidement le Trifluvien, établi depuis une dizaine de jours dans son nouveau terrain de jeu. Terrain de jeu où il est arrivé seul, par avion, en raison de la COVID-19. «C’est sûr que c’est un peu spécial, partir seul, mais ça s’est bien passé quand même. Je sais que ça peut prendre du temps avant de recevoir de la visite. C’est correct, je suis préparé à ça. En attendant, je peux toujours voir mes parents et amis via Zoom.»

Ne vous en faites pas trop pour le jeune homme, il n’a pas trop le temps de s’ennuyer. Sa quarantaine, il la passe sur le campus. L’aréna y est, tout comme le gym. Il y passe déjà plusieurs heures par jour. Il n’a pas besoin de plus pour se sentir comme un poisson dans l’eau. «C’est une vie de pro, ici! J’ai tout ce dont j’ai besoin, à quelques minutes. Je vais tenter d’en profiter au maximum.»

Bien sûr, l’école anglophone dans quelques jours posera un certain défi. «Je sais que j’aurai du support. Et puis tout se passe en anglais ici, alors je vais m’améliorer rapidement!»

Pas le choix, Boisvert est le seul francophone sur le campus. L’an passé, il y en avait quelques-uns dont Joakim Lemay, mais ils ont gradué. Il se retrouve avec des Américains, des Canadiens, un Suédois, un Slovaque. «Le mélange des cultures est intéressant. Je me fais de nouveaux amis. Sur la glace, le calibre est assez relevé. Je pratique actuellement avec des gars de mon âge, mais aussi avec quelques gars plus vieux…»

Bien qu’il soit en ligne avec la trajectoire qu’il s’est imaginé depuis qu’il est gamin, Boisvert n’exclut aucune option pour l’an prochain alors qu’il pourra tenter sa chance au midget AAA. «On verra. On y va une année à la fois…»

Chose certaine, Denis Francoeur va continuer de l’épier à distance, même s’il a fait le choix de quitter son nid un peu plus rapidement que les autres. «Il était prêt. Le choix appartient toujours à la famille. Dans le cas de Sasha, il y a des avantages: il va pouvoir étudier en anglais, une barrière qu’il vaut mieux éliminer avant l’université si jamais il va dans la NCAA et il va aller chercher de la maturité en sortant de sa zone de confort», indique Francoeur, en faisant l’éloge de son élève. «Dans son groupe d’âge, il n’y en a pas beaucoup comme lui. Il approche le six pieds et c’est une machine à l’entraînement. En plus de son talent, il a ce puissant désir d’apprendre, une qualité commune aux Pascal Dupuis, Marc-André Bergeron et Zachary Bolduc. Son intelligence au jeu est très élevée et il a beaucoup, beaucoup de chien.»

«Il y a beaucoup de gars qui ont de grosses habiletés. D’autres qui possèdent de la fougue à revendre et du caractère. Le mariage des deux, un peu comme Jamie Benn, c’est assez rare, et c’est ce que représente Sacha à mes yeux.»

On comprend pourquoi les dirigeants de Mount St.Charles ont décidé de prendre en main son développement, à leurs frais…